duc d’Orléans, qui avoit alors la feuille[1], travaillant avec ce prince, fit un cri épouvantable quand il entendit cette nomination, dont il dit son avis par l’horreur qu’elle lui fit. Le régent convint de tout, y ajouta même le récit d’aventures de laquais fort étranges et assez nouvelles, et comme cet énorme genre de débauche n’étoit pas la sienne, il avoua à Thesut qu’il avoit eu toutes les peines du monde à faire l’abbé d’Auvergne évêque, mais qu’il en étoit depuis longtemps si persécuté par les Bouillon, qu’il falloit à la fin se rédimer de vexation. Thesut insista encore, puis écrivit la nomination sur la feuille en haussant les épaules ; c’est lui-même qui me raconta ce fait deux jours après. Cela n’a pas empêché peu après la translation de l’abbé d’Auvergne, sacré archevêque de Tours à l’archevêché de Vienne, qu’il aima mieux. Tel fut le digne choix du cardinal Fleury pour la pourpre à la nomination du roi, dont le scandale fut si éclatant et si universel, que le cardinal Fleury n’en put cacher sa honte. On se contentera ici de ce mot pour achever de présenter la fortune de l’un et montrer le digne goût de l’autre, parce que cette promotion dépasse les bornes de ces Mémoires.
CHAPITRE XIX.
- ↑ Celui qui avait la feuille des bénéfices présentait au roi ou au régent les candidats aux bénéfices vacants.