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avantages au dedans et au dehors ; c’est ce qui détermina le cardinal Mazarin, effrayé des dangers qu’il avoit courus et dans lesquels il avoit entraîné le royaume, à s’attacher deux hommes tels que les deux fils du maréchal de Bouillon, mort à Sedan, en mars 1623, à soixante-huit ans, et à ne rien épargner pour s’en faire un bouclier personnel, en leur donnant par le traité de l’échange de Sedan, qu’ils avoient perdu et qu’ils ne pouvoient ravoir ni le conserver après tant et de si étranges félonies, en leur donnant, dis-je, des millions, des terres qui se peuvent appeler des États, des emplois les plus importants et un rang inconnu en France, qui en souleva toute la noblesse, et qui étoit inouï, même si nouveau pour ceux de maison effectivement souveraine, composé d’usurpations, de ruses, de violences, parmi les troubles, les tourbillons et les forfaits de la Ligue.

Le duc de Bouillon, fils aîné du maréchal, épousa en 1634 une fille de Frédéric, comte de Berg, gouverneur de Frise, qui n’avoit pas moins d’esprit, de courage, d’entreprise et d’intrigues que son mari, ni moins de capacité à les ourdir et à les conduire ; avec de la beauté, de la vertu, un mérite aimable et soutenu et de la grandeur d’âme ; elle mourut à quarante-deux ans, en 1657, et M. de Bouillon à Pontoise, où étoit la cour, en 1652, à quarante-sept ans.

M. de Turenne son frère prit soin de ses neveux et de ses nièces. On a vu à quelle fortune il porta ses trois neveux ; les deux autres furent tués en duel avant qu’il eût le temps de les agrandir. Dès cinq nièces, l’une ne daigna pas se marier, et mourut à quarante-trois ans, sans avoir trouvé parti digne d’elle ; deux furent religieuses de Sainte-Marie, les deux autres mariées, l’aînée au duc d’Elboeuf, dont les deux derniers ducs d’Elboeuf ; la dernière, en 1668, à Maximilien, frère de l’électeur de Bavière, père des électeurs de Cologne et de Bavière, mis au banc de l’empire pour s’être attachés à la France. Ce duc Maximilien n’en eut point d’enfants ; il