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a été fort connue et toujours sous le nom de la Constitution, en mémoire de son éminentissime père, qui en tout étoit un fou et un scélérat qui auroit mis le feu aux quatre coins de l’Europe, s’il avoit cru et pu en hâter sa promotion d’un jour. Il avoit si bien noirci à Rome l’abbé de Lorraine, nommé à Bayeux, et l’abbé de Castries, nommé à Tours, que le pape leur refusa leurs bulles. D’autres, nommés par compagnie, essuyèrent la même vexation. Je m’étois employé pour l’abbé de Castries, conjointement avec Mme la duchesse d’Orléans qui m’en avoit prié avant que nous fussions brouillés, et l’amitié pour cet abbé et pour son frère m’y auroit bien porté seul. On voit par cette date combien ces bulles se différèrent. Enfin, on fit parler si haut à Rome, qu’à la fin les bulles arrivèrent ; le grand crime de ces deux nommés étoit leur liaison d’amitié avec le cardinal de Noailles. Tous deux s’en moquèrent devant et après ; tous deux se firent sacrer par le cardinal de Noailles, l’abbé de Castries, à l’ordinaire, dans la chapelle de l’archevêché ; l’abbé de Lorraine, quelque peu après, dans le chœur de Notre-Dame à la prière du chapitre, ce qui, depuis l’épiscopat du cardinal de Noailles, ne s’étoit fait que pour son frère, qui lui succéda à l’évêché de Châlon.

Les déclarations de la duchesse du Maine qu’on a vues ici en son lieu donnèrent lieu à des découvertes importantes en Bretagne, et enfin à une commission de douze maîtres des requêtes, à la tête desquels Châteauneuf, conseiller d’État, de retour de ses ambassades, fut mis. Vattan, maître des requêtes, en fut le procureur général, et deux conseillers du Châtelet pour substituts. Plusieurs gentilshommes furent arrêtés en Bretagne, d’autres en fuite, entre ces derniers Pontcallet, Bonamour, du Poulduc [1] de la maison de Rohan. La commission se rendit à Nantes ; on avoit eu soin auparavant de prendre des prétextes pour la faire soutenir par des

  1. On écrit ordinairement Polduc.