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César, fils aîné du bâtard, se trouva le seul à prétendre à la succession de son cousin germain le duc Alphonse II, mort sans enfants en 1597 et le dernier de l’ancienne et véritable maison d’Este. Il fut protégé par l’empereur, et, sans difficulté, duc de Modène et de Reggio. Clément VIII ne fut pas si facile pour Ferrare qui ne relevoit pas de l’Empire comme Modène et Reggio, mais du saint-siège, et qu’il prétendit lui être dévolu faute d’hoirs légitimes. Il ne voulut pas voir l’envoyé de César, lequel prit les armes pour soutenir sa prétention et se maintenir dans Ferrare. Le pape s’arma de son côté, et n’oublia pas en même temps de se servir des foudres de l’Église. Henri IV, qui avoit grand intérêt de se montrer ami du pape, lui offrit le secours de ses armes. Cette démonstration finit tout. César, hors d’état de résister, ne pensa plus qu’à tirer de sa soumission le meilleur parti qu’il pût. Il conclut donc un traité avec le pape à la fin de 1597, par lequel il céda au pape la ville et le duché de Ferrare avec la Romandiole. Le pape lui céda quelques terres dans le Bolonois, lui laissa ses biens allodiaux [1], lui garantit ses biens mouvants de l’Empire, lui accorda le rang à Rome que les ducs ses prédécesseurs y avoient eu, enfin donna à son frère Alexandre, évêque de Reggio, le chapeau de cardinal, en mars 1598, lequel mourut en mai 1624. Après ce traité, Clément VIII alla lui-même à Ferrare prendre possession de la ville et du duché qui fait encore aujourd’hui une des plus belles possessions de l’État ecclésiastique. César, seulement duc de Parme et de Reggio, épousa, en 1586, Virginie, fille de Cosme de Médicis, grand-duc de Toscane, qui mourut en 1615, et César en 1628 à soixante-six ans.

Alphonse, son fils, épousa en 1608 Isabelle, fille de Charles-Emmanuel duc de Savoie, et la perdit en 1626. Il se

  1. L’alleu, ou domaine allodial, était un bien possédé en toute propriété à la différence du fief qui relevait d’un seigneur dominant ou suzerain.