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qu’à éluder tout ce qui le regardoit dans les enregistrements que le roi avoit fait faire en sa présence. Cette compagnie est très conséquente pour ses intérêts : elle se prétend, quoique très absurdement, la modératrice de l’autorité des rois mineurs, même majeurs. Quoique si souvent battue sur ce grand point, elle n’a garde de l’abandonner. De cette maxime factice, elle en tire une autre sur les enregistrements ; elle ne les prend point comme une publication qui oblige parce qu’elle ne peut être ignorée ; elle n’en regarde point la nécessité comme étant celle de la notoriété, de laquelle résulte l’obéissance à des lois qu’on ne peut plus ignorer ; mais elle prétend que l’enregistrement est en genre de lois, d’ordonnances, de levées, etc., l’ajoutement d’une autorité nécessaire et supérieure à l’autorité qui peut faire les lois, les ordonnances, etc., mais qui, en les faisant, ne peut les faire valoir ni les faire exécuter sans le concours de la première autorité, qui est celle que le parlement ajoute par son enregistrement à l’autorité du roi, laquelle par son concours rend celle-ci exécutrice, sans laquelle l’autorité du roi ne la seroit pas. De cette dernière maxime suit, dans les mêmes principes, que tout effet d’autorité nécessaire, mais forcée, est nul de droit ; par conséquent que tout ce que le roi porte au parlement et y fait enregistrer par crainte et par force, est vainement enregistré, est nul de soi et sans force : enfin qu’il n’y a d’enregistrement valable et donnant aux édits, déclarations, règlements, lois, levées, etc., l’ajoutement nécessaire à l’autorité du roi qui les a faits, l’autorité qui les passe en loi et qui les rende exécutoires, que l’enregistrement libre, et qu’il n’est libre qu’autant que ce qui se porte au parlement pour y être enregistré y soit communiqué, examiné et approuvé ; ou que, porté directement par le roi au lit de justice, y est, non pas approuvé du bonnet, parce que nul n’ose parler, mais discuté en pleine liberté pour être admis ou rejeté.

Dans cet esprit, il étoit très naturel et parfaitement conséquent