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en conséquence dans tout le royaume sur la manière de lever la taille.

Ce projet, qui fut de l’avis de tous, et qui étoit sage, n’eut pas le temps d’être exécuté. Renaud, malade de fatigue et du chagrin que lui causoient les obstacles qu’il rencontroit dans la généralité de la Rochelle, et de la haine que, sans savoir pourquoi, la nouveauté qu’il vouloit introduire avoit excitée contre lui, malgré la netteté de ses mains très reconnue, parce que toute nouveauté est suspecte en matière d’impôts et de levée, Renaud, dis-je, voulut se presser de retourner à son travail. Il voulut prendre des eaux de Pougues ; il en prit par excès, car par principe, comme le père Malebranche, il étoit grand buveur d’eau, et mourut à Pougues les derniers jours de septembre. M. d’Allemans, retourné chez lui, ne le survécut que de peu de mois ; ainsi tout ce projet s’en alla en fumée.

M. le duc d’Orléans fit au roi une galanterie très convenable à son âge, ce fut de lui proposer de prendre la maison de la Muette pour s’en amuser, et y aller faire des collations. Le roi en fut ravi. Il crut avoir quelque chose personnellement à lui, et se fit un plaisir d’y aller, d’en avoir du pain, du lait, des fruits, des légumes, et de s’y amuser de ce qui divertit à cet âge. Ce lieu changeant de maître changea aussi de gouverneur. Le duc d’Humières me parla pour Pezé ; je le lui fis donner, et il en sut tirer parti pour se rendre de plus en plus agréable au roi. Il eut aussi la capitainerie du bois de Boulogne, comme Rion avoit l’un et l’autre.

M. le Duc, qui avoit un procès fort aigre avec Mme la princesse de Conti sa tante, l’accommoda ; mais ce fut aux dépens du roi à qui il en coûta une pension de vingt mille livres à Mme la princesse de Conti, outre celles qu’elle avoit déjà. M. le duc d’Orléans accorda aussi à Lautrec cent cinquante mille livres de brevet de retenue sur sa lieutenance générale de Guyenne. Il profita aussi du bon état de la banque de Law pour faire payer toutes les pensions, vieux et