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continuer au delà du roi et de le porter trois mois, c’est-à-dire autant que M. le duc d’Orléans le porta.

Les logements au Luxembourg furent conservés aux deux premiers officiers, et au premier maître d’hôtel ; et le chevalier d’Hautefort, premier écuyer, obtint de conserver les livrées et un carrosse aux armes de Mme la duchesse de Berry sur le dernier exemple de Sainte-Maure, premier écuyer de feu M. le duc de Berry.

Le roi alla voir sur cette mort Madame, M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans.

Le roi, qui étoit depuis trois semaines dans l’appartement de la reine mère au Louvre pour laisser nettoyer les Tuileries, alla, pendant ce séjour, voir toutes les académies et le balancier. Le maréchal de Villeroy voulut parler aux Académies française, des sciences et des belles-lettres ; on ne comprit ni pourquoi ni trop ce qu’il y dit ; les directeurs de ces académies firent chacun une harangue au roi, qui retourna après aux Tuileries.

Mme du Maine obtint d’aller demeurer dans un château voisin de Châlon-sur-Saône où La Billarderie la fut conduire, et le duc du Maine, celle de chasser autour de Dourlens, mais sans en découcher. En même temps le secrétaire du prince de Cellamare, qui avoit eu enfin permission de retourner en Espagne, fut arrêté en chemin à Orléans, et mené dans le château de Saumur. C’est que la duchesse du Maine avoit enfin commencé à parler, à avouer beaucoup de choses, peut-être à en cacher davantage ; car, comme je l’ai dit au commencement de cette affaire, et pourquoi, je n’y ai jamais vu bien clair, et je suis très persuadé que M. le duc d’Orléans, qui sûrement en a su davantage, en a ignoré plus qu’il n’en a su, et que l’abbé Dubois s’est bien gardé de ne retenir pas pour soi tout seul le fond et le très fond de l’affaire, n’en a dit à son maître que ce qu’il n’a pu lui cacher, et lui a soigneusement tu tout ce qui ne le conduisoit pas aux vues que j’ai expliquées.