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ensemble le lendemain remercier M. le duc d’Orléans ; elles le firent et furent reçues de très bonne grâce. En même temps, Mme de Saint-Simon lui remit l’appartement qu’elle avoit au Luxembourg, et lui demanda de le rendre à Mille de Langeois et à ses frères qui l’avoient auparavant, et elle l’obtint. On a vu ailleurs que Mme de Saint-Simon ne s’en étoit jamais servie, mais on n’avoit pas voulu le reprendre, et qu’il parût qu’elle n’avoit point d’appartement au Luxembourg.

Mme de Mouchy fit demander une audience à M. le duc d’Orléans qui ne voulut pas la voir, et lui fit dire d’aller parler à La Vrillière. Elle y fut donc avec son mari. Elle y reçut l’ordre de sortir tous deux en vingt-quatre heures de Paris et de n’y pas revenir. Longtemps après ils y revinrent, mais aucun des événements arrivés dans la suite n’a pu les rétablir dans le monde, ni les tirer d’obscurité, de mépris et d’oubli.

Les spectacles furent interrompus huit jours à Paris.

M. le duc d’Orléans, dès les premiers jours, envoya chercher du Mont, lui rendit le gouvernement de Meudon, et lui ordonna d’y faire revenir tous les gens qui y étoient lorsque Mme la duchesse de Berry eut Meudon, et que leurs emplois leur seroient rendus. On peut juger en quel état tomba Rion en apprenant à l’armée une aussi terrible nouvelle pour lui ; quel affreux dénouement d’une aventure plus que romanesque, au point qu’il touchoit à tout ce que l’ambition peut procurer même de plus imaginaire ; aussi fut-il plus d’une fois sur le point de se tuer, et longtemps gardé à vue par des amis que la pitié lui fit. Il vendit bientôt après la fin de la campagne son régiment et son gouvernement. Comme il avoit été doux et poli avec ses amis, il en conserva, et fit bonne chère avec eux pour se consoler. Mais au fond, il demeura obscur, et cette obscurité l’absorba.

Le service de Mme la duchesse de Berry se fit à Saint-