Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus agréable. J’en pris occasion de lui dire ce que Dieu me donna, avec toute la douceur, l’onction et la tendresse qu’il me fut possible. Non seulement il reçut bien ce que je lui disois, mais il y répondit et en prolongea la conversation.

Après avoir été là plus d’une heure, Mme de Saint-Simon me fit avertir doucement qu’il étoit temps que je tâchasse d’emmener M. le duc d’Orléans, d’autant plus qu’on ne pouvoit sortir de ce cabinet que par la chambre. Son carrosse étoit prêt, que Mme de Saint-Simon avoit eu soin de faire venir. Ce ne fut pas sans peine que je pus venir doucement à bout d’arracher de là M. le duc d’Orléans plongé dans la plus amère douleur. Je lui fis traverser la chambre tout de suite, et le suppliai de s’en retourner à Paris. Ce fut une autre peine à l’y résoudre. À la fin il se rendit. Il voulut que je demeurasse pour tous les ordres. Il pria Mme de Saint-Simon avec beaucoup de politesse d’être présente à tous les scellés, après quoi je le mis dans son carrosse, et il s’en alla. Je rendis ensuite à Mme de Saint-Simon les ordres qu’il m’avoit donnés sur l’ouverture du corps, pour qu’elle les fît exécuter, et sur tout le reste, et je l’empêchai de demeurer dans le spectacle de cette chambre où il n’y avoit plus que de l’horreur.

Enfin sur le minuit du 21 juillet, Mme la duchesse de Berry mourut, deux jours après le forfait de Chirac. M. le duc d’Orléans fut le seul touché. Quelques perdants s’affligèrent ; mais qui d’entre eux eut de quoi subsister ne parut pas même regretter sa perte. Mme la duchesse d’Orléans sentit sa délivrance, mais avec toutes les mesures de la bienséance. Madame ne s’en contraignit que médiocrement. Quelque affligé que fût M. le duc d’Orléans, la consolation ne tarda guère. Le joug auquel il s’étoit livré et qu’il trouvoit souvent pesant, étoit rompu. Surtout il se trouvoit affranchi des affres de la déclaration du mariage de Rion et de ses suites, embarras d’autant plus grand, qu’à l’ouverture