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pied du lit, qui étoit ouvert, lui souhaita un bon voyage en termes équivalents, et de ce pas s’en alla à Paris. La merveille est qu’il n’en fut autre chose, et qu’il demeura auprès de M. le duc d’Orléans comme auparavant.

Depuis la légèreté, pour ne pas employer un autre nom, que M. le duc d’Orléans avoit eue de parler à Mme la duchesse de Berry d’un avis que je lui avois donné, si important à l’un et à l’autre, au lieu d’en profiter, et de la haine qu’elle en conçut, ce qui arriva dès les premiers mois de son mariage, je ne la vis plus qu’aux occasions indispensables, qui n’arrivoient presque jamais, et d’ailleurs quand il n’en arrivoit point, une fois ou deux l’an tout au plus, à une heure publique, et un instant à chaque fois. Mme de Saint-Simon, voyant que la fin s’approchoit, et qu’il n’y avoit personne à la Muette avec qui M. le duc d’Orléans fût bien libre, me manda qu’elle me conseilloit d’y venir pour être auprès de lui dans ces tristes moments. Il me parut en effet que mon arrivée lui fit plaisir, et que je ne lui fus pas inutile au soulagement de s’épancher en liberté avec moi. Le reste du jour se passa ainsi et à entrer des moments dans la chambre. Le soir je fus presque toujours seul auprès de lui.

Il voulut que je me chargeasse de tout ce qui devoit se faire après que Mme la duchesse de Berry [seroit morte], sur l’ouverture de son corps, et le secret en cas qu’elle se trouvât grosse, sur tous les détails qui demandoient ses ordres et sa décision, pour n’être point importuné de ces choses touchantes, et de tout ce qui regardoit les funérailles et les ordres qu’il y avoit à y donner. Il me parla avec toute sorte d’amitié et de confiance, ne voulut point qu’ensuite je lui demandasse ses ordres sur rien, et dit en passant à toute la maison de la princesse, qui se trouvoit là toute rassemblée, qu’il m’avoit donné ses ordres, et que c’étoit à moi, qu’il en avoit chargé, à les donner sur tout ce qui pourroit demander les siens. Il me dit, de plus, qu’il