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et M. le duc d’Orléans. Je désirois fort demeurer en état de contribuer à leur union et au bien intérieur de la famille. Après de longs propos je la priai de se charger auprès de Mme la duchesse d’Orléans de ce que je n’attendois point que Madame fût sortie de chez elle pour la voir encore, puisqu’elle alloit à Paris, et je m’en allai droit au Palais-Royal, où je trouvai M. le duc d’Orléans avec Mme la duchesse de Berry. Il me vint trouver dans ce même grand cabinet dès qu’il m’y sut, où je lui rendis compte de tout ce qui s’étoit passé.

Il fut ravi de la joie, que Madame m’avoit témoignée sur le duc du Maine, et me dit que celle de Mme la duchesse de Lorraine ne seroit pas moindre. Il en venoit de recevoir une lettre toute là-dessus, pour l’en presser, et Madame me venoit de dire qu’elle en avoit une d’elle, toute sur le même sujet. Mais il ne fut pas si content de l’arrivée si prochaine de Mme la duchesse d’Orléans, dont il me parut fort empêtré. Je lui dis, outre la vérité, ce que je crus le plus propre à le toucher, et lui faire valoir son respect, son obéissance, sa soumission à ses sentiments, et toute la douceur et la soumission qu’elle avoit fait paroître dès les premiers moments. Je lui vantai surtout sa lettre, et je n’oubliai pas aussi ce que je lui avois glissé par sa permission, et dit encore à Mme Sforze, sur mon compte, à l’égard des bâtards. Il me demanda conseil s’il la verroit en arrivant. Je lui dis que je croyois qu’il devoit descendre dans son cabinet au moment de son arrivée ; faire appeler Mme Sforze, la charger de dire à Mme la duchesse d’Orléans qu’il étoit là pour la voir ou ne la point voir, tout comme elle l’aimeroit mieux, sans nulle contrainte, savoir de ses nouvelles, et faire après tout ce qu’elle voudroit là-dessus ; que, s’il la voyoit, il falloit lui faire toutes les amitiés possibles ; s’attendre à la froideur, peut-être aux reproches, sûrement aux larmes et aux cris ; mais qu’il étoit de l’humanité, de plus, de son devoir d’honnête homme de souffrir tout cela, en cette occasion, avec toute