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Ces deux règlements passèrent : le premier en forme, l’autre par l’usage, malgré leurs inconvénients. Celui du premier regardoit essentiellement tout le monde, parce qu’il ôtait au roi la liberté de remettre les rachats qui lui étoient dus, et à ses sujets de toute qualité une gratification qui s’accordoit aisément pour peu que les débiteurs de ces rachats fussent graciables par leurs services ou par leur considération ; le second, parce que le cordon bleu ne valant que mille écus ; et les grandes croix, les unes six mille livres, les autres huit mille livres ; les commanderies, les unes quatre mille livres, les autres six mille livres ; et les pensions des chevaliers, plusieurs de mille livres, de quinze cents livres et de deux milles livres, il se pouvoit trouver parmi tous ceux-là des maréchaux de France et d’autres à être chevaliers du Saint-Esprit, mais pauvres, qui perdroient, à devenir chevaliers du Saint-Esprit, un revenu qui faisoit toute leur aisance, comme il arriva en effet. Il fut réglé aussi qu’ils demeureroient par simple honneur ce qu’ils étoient dans l’ordre de Saint-Louis, et que leurs pensions seroient distribuées en détail dans le même ordre. Au moins eût-il mieux valu rendre vacant ce qu’ils y étoient, pour faire en leur place d’autres grand’croix et d’autres commandeurs, puisque, recevant l’ordre du Saint-Esprit, ils quittoient la croix d’or brodée sur leurs habits pour y porter celle d’argent du Saint-Esprit, et tous le grand cordon rouge, et ne gardoient que le petit ruban rouge et la petite croix de Saint-Louis attachés au bas du cordon bleu. On fut encore choqué de voir des hommes de robe et des gens de plume et de finances porter, pour de l’argent, des marques précisément militaires et des croix sur eux et à leurs armes (car qui n’a pas des armes aujourd’hui ?) sur lesquelles on voyoit écrites ces paroles en lettres d’or : Praemium bellicae virtutis.

Monti, dont il a souvent été parlé ici dans ce qui y a été copié de M. de Torcy sur les affaires étrangères, eut ordre,