Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

se voir ainsi décoiffée sans savoir pourquoi, jeta son oeuf au visage de l’archevêque, qui lui découla partout. Il ne fit qu’en rire, et toute la compagnie fut aux éclats de la tête grise, sale et chenue de Mme de Charlus et de l’omelette de l’archevêque, surtout de la furie et des injures de Mme de Charlus qui croyoit qu’il lui avoit fait un affront et qui fut du temps sans vouloir en entendre la cause, et après de se trouver ainsi pelée devant tout le monde. La coiffure étoit brûlée, Mme la princesse de Conti lui en fit donner une, mais avant qu’elle l’eût sur la tête on eut tout le temps d’en contempler les charmes et elle de rognonner toujours en furie. M. de Charlus, son mari, la suivit trois mois après. M. de Lévi crut trouver des trésors ; il y en avoit eu, mais ils se trouvèrent envolés.

Les jeux de hasard furent de nouveau sévèrement défendus [1].

M. le duc d’Orléans permit au président de Blamont de revenir du lieu de son exil en une de ses terres ; et il accorda au grand prévôt la survivance de sa charge pour son fils, qui n’avoit que six ans, et donna quelques petites pensions. Il ordonna aussi une grande levée de milices pour suppléer, mêlées avec quelques troupes, aux garnisons des places en temps de guerre.

  1. Le marquis d’Argenson, dans la partie de ses Mémoires qui est encore inédite, donne quelques détails sur la fureur du jeu pendant la régence : « J’ai vu, au commencement de la régence, s’introduire une irruption de jeux universelle ; du moins ornait-elle Paris alors ; car on voyait dans les cours et sur le devant des portes des pots à feux qui ornaient Paris. M. le duc d’Orléans fit cesser cela partout. »