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Belle-Ile fut aussi bien servi dans la promptitude de l’expédition. Il s’étoit fait des amis au parlement qui ne laissa pas de se rendre difficile à l’enregistrement pur et simple ; mais il le fit sans trop de délais. La chambre des comptes fut plus épineuse et plus longue ; mais Belle-Ile à la fin en vint à bout : toutefois, il étoit bien loin d’être au bout de ses peines, malgré cette consommation.

C’est s’être bien étendu sur deux particuliers alors si peu considérables ; mais ils le devinrent tellement dans leur suite par leurs malheurs et les genres de périls qu’ils coururent, par la manière dont ils en sortirent, par les effets prodigieux de la plus singulière fortune, et qui devint enfin la plus haute en tous genres, dont ils ont été les seuls artisans, que j’ai cru devoir bien faire connoître, et de bonne heure, deux hommes si rares qui, devenus des personnages en France, même en Europe, ont été les plus extraordinaires de leur siècle, de quelque côté qu’on puisse les envisager.




CHAPITRE VI.


Année 1719. Conduite du duc du Maine. — Conduite de Mme du Maine. — Mme la Princesse obtient quelques adoucissements à Mme du Maine, et à Mme de Chambonnas, sa dame d’honneur, de s’aller enfermer avec elle ; puis son médecin. — Commotion de la découverte de la conspiration. — Conduite du duc de Noailles. — Netteté de discours et de procédé du comte de Toulouse. — Faux sauniers soumis d’eux-mêmes. — Adresse de l’abbé Dubois. — Il fait faire par Fontenelle le manifeste contre l’Espagne. — Il est examiné dans un conseil secret au Palais-Royal, passé après en celui de régence, et suivi aussitôt de la publication de la quadruple alliance imprimée, et de la déclaration de guerre contre l’Espagne. — Le tout très mal reçu du public. — Pièces répandues contre le