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de l’empereur l’investiture de tous les États dont la maison de Médicis étoit en possession. La liberté du domaine de Florence étoit indubitable, et depuis Côme de Médicis il ne s’étoit fait aucun acte capable d’y porter le moindre préjudice. La seule démarche que ce prince, aussi bien qu’Alexandre son prédécesseur, eussent faite à l’égard de l’empereur, avoit été de recevoir la confirmation impériale de l’élection que la république de Florence avoit faite de leurs personnes ; mais les Florentins prétendoient que cet acte, reçu pour d’autres fins, ne pouvoit passer pour une investiture féodale. Ainsi le prince et les sujets seroient également affligés de se voir assujettis sous une loi si déshonorante ; et comme il n’étoit ni juste ni convenable que la Toscane, gouvernée par un prince de la maison de France, devînt de pire condition qu’elle ne l’étoit sous le gouvernement des Médicis, le grand-duc et son fils prioient le roi d’Espagne de réfléchir sur les inconvénients qui retomberoient sur l’infant d’une disposition si contraire à son honneur et à ses intérêts.

Ils représentoient en même temps ceux de l’électrice palatine douairière, reconnue pour héritière des États de Toscane ; et le grand-duc disoit qu’il ne pouvoit croire que le roi d’Espagne, plein d’équité, voulût s’opposer au droit de cette princesse, et empêcher l’effet de la tendresse légitime d’un père envers une fille douée de tant de mérite et de tant de vertu. D’ailleurs, si on jugeoit par le cours de nature, elle ne devoit pas survivre à son frère, étant âgée de quatre ans plus que lui. Mais quand même elle en hériteroit, le grand-duc représentoit qu’il seroit de l’intérêt du roi d’Espagne d’établir le droit de succession en faveur des filles, parce qu’il arriveroit peut-être que l’infante, nouvellement née, profiteroit un jour de la loi que Sa Majesté Catholique appuieroit pour la succession des États de Toscane. Enfin le grand-duc regardoit comme un déshonneur pour lui qu’il fût stipulé dans le traité que le roi d’Espagne