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Provane et à beaucoup d’autres les ordres qu’il avoit reçus. Il crut d’autant plus nécessaire de s’en expliquer qu’on répandoit à Paris et à Londres que le roi d’Espagne consentoit au traité, en y changeant seulement quelques conditions. On donnoit aux nouvelles propositions que le roi d’Espagne avoit faites le nom d’acceptation limitée, et comme le régent avoit envoyé à Nancré de nouveaux ordres de presser le roi d’Espagne, plus que jamais, d’accepter le projet, son ambassadeur à Paris, incertain du succès que ces nouvelles instances pourroient avoir, croyoit dans cet intervalle être obligé de, rassurer ceux qui désiroient que le roi d’Espagne voulût persister avec fermeté dans ses premières résolutions.

Beretti en usait de même en Hollande. Il fit un voyage à Amsterdam, où il eut des conférences avec les deux pensionnaires Buys et Bassecourt, et les bourgmestres Tropp, Pautras et Sautin. Outre les raisons pour les empêcher d’accéder au traité, il employa les promesses ; celles qui regardoient le commerce firent assez d’impression pour empêcher la régence de cette ville de prendre aucune résolution. Heureusement pour Beretti, l’ambassadeur de France n’avoit point reçu d’ordre depuis que le courrier que le régent avoit dépêché à Madrid étoit de retour à Paris. Son silence favorisa les discours de l’ambassadeur d’Espagne. Les ministres d’Angleterre s’en plaignirent, et Cadogan se crut obligé d’aller à Amsterdam réparer le mal que Beretti y avoit causé. Ce dernier craignoit Cadogan, persuadé que le roi d’Angleterre avoit remis entre ses mains des sommes très considérables pour gagner des suffrages en Hollande. D’ailleurs il le regardoit moins comme Anglois que comme ministre de l’empereur, dont il avoit la patente de feld-maréchal.

Les nouvelles représentations que Nancré fit en Espagne ne produisirent pas plus d’impression que celles qu’il avoit faites jusqu’alors. Il y ajouta cependant de nouvelles raisons