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voulut soutenir que le procès existoit bien à la vérité par la présentation de notre requête en corps signée au roi et à lui lors du procès des princes du sang et des bâtards ; mais il me contesta les formes. La réponse fut aisée : point de formes devant le roi, notre requête admise, puisque le roi et lui l’avoient reçue, et que lui-même l’avoit communiquée aux bâtards ; qu’il n’y en avoit point eu d’autres au procès long et célèbre que les pairs eurent et gagnèrent en 1664 devant le roi contre les présidents à mortier au parlement de Paris et le premier président, sur la préopinion aux lits de justice. Cela ferma la bouche à M. le duc d’Orléans, mais il se rejeta à m’objecter que les bâtards n’avoient pas répondu. Je répliquai qu’ils en avoient eu tout le temps, et que, si cette raison étoit admise, il ne tiendroit qu’à celui qui auroit un mauvais procès devant le roi de ne répondre jamais, puisqu’il n’y avoit point de formalités pour l’y forcer, moyennant quoi il n’en verroit jamais la fin. Après quelques légères disputes, il se rendit et m’ouvrit la carrière à lui représenter, pour ne pas dire reprocher, ses méfaits à notre égard sur le bonnet et sur tant d’autres choses. Il m’allégua pour dernier retranchement la noblesse qu’il ne vouloit pas soulever. Je lui remontrai, avec une indignation que je ne pus contraindre, que c’étoit lui-même qui l’avoit soulevée, et qui s’en étoit trouvé bien empêché après ; que la noblesse n’avoit que voir ni aucun intérêt à ce que le duc du Maine nous précédât ou que nous le précédassions ; que toutes les lois et les exemples étoient pour nous, et qu’il n’y avoit que son acharnement à lui régent contre nous, jusque contre son intérêt propre, qui nous pût être contraire. Enfin je le réduisis à m’avouer que ce que je lui demandois étoit plutôt bon que mauvais, que la noblesse n’avoit ni intérêt ni droit de s’en mêler, et qu’il étoit vrai encore que notre demande étoit juste ; mais il m’objecta M. le Duc, et c’étoit où je l’attendois. Je le laissai dire là-dessus, et comme prendre haleine de l’acculement où j’avois