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régent à fond sur la réduction des bâtards à leur simple rang de pairie ; que le régent pressé m’avoit laissé voir que cela dépendroit de ce que lui M. le Duc voudroit ; et que serré de plus près il m’avoit dit qu’il doutoit de la volonté par l’expérience contraire qu’il en avoit ; que poussé par degrés j’en avois tiré l’aveu que, s’il le demandoit formellement, Son Altesse Royale le trouvoit juste et utile et n’y feroit aucune difficulté. Puis, sans donner à M. le Duc le temps de penser, je continuai tout de suite d’un ton de désir et de respect : « Vous voyez donc, monsieur, que notre sort est entre vos mains ; nous abandonnerez-vous encore une fois, et les grands du royaume qui le demeureront quoi qu’on fasse et dont beaucoup sont grandement établis, ne vous paroîtront-ils pas dignes d’être recueillis par vous ? Je vous dirai plus, monsieur, leur intérêt est si grand ici que je croirai bien principal si on leur fait une justice si désirée qu’ils la sussent en entrant en séance. En ce moment plus de péril pour le secret quand ils seroient capables d’en manquer contre eux-mêmes, puisqu’ils ne peuvent se déplacer, et ce seroit un véhicule certain pour tourner en votre faveur tout ce que vous avez lieu de craindre en haine de ce qui s’est passé et en vengeance du bonnet contre le régent même. Près d’obtenir ce qui leur tient le plus vivement au cœur de l’équité de Son Altesse Royale par votre seul secours, comptez pour vous tout le banc des pairs s’il s’agit de parler, et croyez qu’en un lit de justice cette portion est bien capitale à avoir et impose grandement au reste de ce qui s’y trouve. »

Cela dit, je pris un autre ton, et je continuai tout de suite avec un air de chaleur et de force : « Après cela, monsieur, je ne puis vous tromper ; tout ceci, vous le voyez, vous le sentez comme moi. Mais mettez-vous en notre place, comment seriez-vous touché pour qui vous tireroit d’opprobre ou qui vous y laisseroit ? Je ne vous le dissimule point, je dois trop à mes confrères, je dois trop à moi-même pour ne les pas instruire à fond de ce qui se sera passé, pour qu’ils