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sans intérêt particulier. Je dirai même que je reçus celle d’intéresser des gens de bien dans cette affaire sans la leur désigner ni qu’ils pussent former aucune idée, pour m’obtenir droiture et lumière et force dans l’une et l’autre contre mon penchant ; et, pour le dire une fois pour toutes, je fus exaucé dans ce bon désir, et je n’eus rien à me reprocher dans toute la suite de cette affaire où je suivis toujours les vues du bien de l’État ; sans me détourner ni à droite ni à gauche.

Fontanieu m’attendoit chez moi au retour de la messe. Il fallut essuyer ses questions sur sa mécanique, et y répondre comme si je n’eusse eu que cela dans l’esprit. J’arrangeai ma chambre en lit de justice avec des nappes, je lui fis entendre plusieurs choses locales du cérémonial qu’il n’avoit pas comprises, et qu’il étoit essentiel de ne pas omettre. Je lui avois dit de voir le régent ce matin-là ; mais il le falloit éclaircir auparavant, et il reçut ses ordres l’après-dînée.




CHAPITRE XVII.


Contre-temps au Palais-Royal. — Je rends compte au régent de ma longue conversation avec M. le Duc. — Reproches de ma part ; aveux de la sienne. — Lit de justice différé de trois jours. — Le régent tourne la conversation sur le parlement ; convient de ses fautes, que je lui reproche fortement ; avoue qu’il a été assiégé, et sa faiblesse. — Soupçons sur la tenue du lit de justice. — Contre-temps, qui me fait manquer un rendez-vous aux Tuileries avec M. le Duc. — Ducs de La Force et de Guiche singulièrement dans la régence. — M. le duc d’Orléans me rend sa conversation avec M. le Duc, qui veut l’éducation du roi et un établissement pour M. le comte de Charolois. — Découverte d’assemblées secrètes chez le