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agissoit différemment. Appliqué à l’exécution ponctuelle des commissions secrètes qu’il recevoit, il assuroit Albéroni de ses soins à bien instruire ceux qu’il nommoit les artisans, comment et quand ils devoient faire leurs travaux. Il tâchoit, disoit-il, de les tenir contents et disposés à servir de bon cœur. Il gardoit entre ses mains les matériaux qu’il recevoit du cardinal, et s’en serviroit seulement dans les temps convenables. Lorsqu’il seroit nécessaire d’envoyer de nouveaux modèles, il ne le feroit pas par la voie ordinaire, parce qu’elle étoit évidemment pernicieuse.

Les mémoires secrets et nécessaires pour achever le récit de ce qui s’est passé de particulier dans le reste de l’année 1718 manquent depuis la fin du mois d’août ; on sait seulement par les écrits publics que le comte de Stanhope, après avoir espéré un heureux succès de sa commission, cessa de se flatter lorsque les nouvelles arrivèrent à Madrid, où il étoit, de la destruction de la flotte espagnole par les Anglois dans les mers de Sicile, et de l’arrivée des galions à Cadix. Albéroni avoit demandé pour conditions de l’accession du roi d’Espagne au traité de la quadruple alliance, que la propriété des îles de Sardaigne et de Sicile fût laissée et cédée au roi catholique moyennant un équivalent pour la Sicile que l’empereur donneroit au duc de Savoie dans le Milanois ; que, de plus, Sa Majesté Catholique eût à satisfaire les princes d’Italie sur toutes leurs prétentions ;

À rappeler les troupes qu’elle faisoit alors marcher en Italie ;

Fixer le nombre de celles qu’il y maintiendroit à l’avenir ;

S’engager à ne se pas mêler de la succession de la Toscane ;

Renoncer à toute prétention sur les fiefs de l’empire.

La flotte d’Angleterre venoit de causer trop de dommages à l’Espagne pour la laisser tranquillement séjourner dans la Méditerranée. Albéroni exigeoit donc que le roi d’Angleterre eût à la rappeler incessamment.