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secrètement à Vienne un ecclésiastique, qu’il avoit chargé de proposer à l’empereur un accommodement particulier avec le roi d’Espagne, sans intervention de médiateur. Les conditions étoient que la Sardaigne seroit laissée au roi d’Espagne ; qu’en même temps l’empereur lui donneroit l’investiture des duchés de Toscane et de Parme ; que le roi d’Espagne réciproquement mettroit l’empereur en possession de la Sicile ; et que, de plus, il l’aideroit à recouvrer la partie de l’État de Milan, qu’il avoit cédée au duc de Savoie. Enfin on procureroit de concert la propriété du Montferrat au duc de Lorraine.




CHAPITRE XI.


Belle et véritable maxime, et bien propre à Torcy. — Les Anglois frémissent des succès des Espagnols en Sicile et veulent détruire leur flotte. — Étranges et vains applaudissements et projets d’Albéroni. — Son opiniâtreté. — Menace le régent. — Ivresse d’Albéroni. — Il menace le pape et les siens. — Son insolence sur les grands d’Espagne. — Le pape désapprouve la clôture du tribunal de la nonciature faite par Aldovrandi. — Exécrable caractère du nonce Bentivoglio. — Sagesse d’Aldovrandi. — Représentations d’Aubenton à ce nonce pour le pape. — Audacieuse déclaration d’Albéroni à Nancré. — Le traité entre la France, l’Angleterre et l’empereur, signé à Londres. — Trêve ou paix conclue entre l’empereur et les Turcs. — Idées du régent sur le nord. — Cellamare travaille à unir le czar et le roi de Suède pour rétablir le roi Jacques. — Artifices des Anglois pour alarmer tous les commerces par la jalousie des forces maritimes des Espagnols. — Attention d’Albéroni à rassurer là-dessus. — Inquiétude et projets d’Albéroni. — Albéroni se déchaîne contre M. le duc d’Orléans. — Fautes en Sicile. — Projets d’Albéroni. — Il se moque des propositions faites à l’Espagne par le roi de Sicile. — Albéroni pense à entretenir dix mille hommes