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naissance, et que ces messieurs ne trouvoient point mauvais parce qu’ils n’étoient pas nés de maisons souveraines, et ce qui est encore plus rare, parce qu’ils ne pouvoient espérer les mêmes conjonctures, qui avoient fait princes étrangers des gentilshommes comme eux, tels que, depuis si peu d’années, les Bouillon et les Rohan. Le comte d’Évreux, sans cesse appliqué à accroître ses avantages, essaya de profiter de la conjoncture ; il exerçoit quelques parties de sa charge de colonel général de la cavalerie, et avoit par là occasion d’écrire aux mestres de camp. Il hasarda un style qui leur déplut, et qui lui attira des réponses toutes pareilles, avec des propos publics qui firent grand bruit. Il ne fut pas à se repentir de sa tentative ; il couvrit le prétendu prince du colonel général, et prétendit que la supériorité de sa charge lui donnoit le droit de la conserver dans sa manière d’écrire aux mestres de camp. M. le duc d’Orléans qui craignoit bien moins ce qui n’avoit point de fondement, et ce qui se pouvoit détruire comme ces rangs de princes étrangers, encore moins ceux qui n’en avoient que le rang sans en avoir la naissance comme les Bouillon, les Rohan, que les dignités de l’État et les offices de la couronne, dont les racines sortent de celles de la monarchie même, et qui sont de sa même antiquité, eut recours à ses chers mezzo-termine, où il trouva moyen que le comte d’Évreux ne perdît pas tout ce qu’il auroit dû laisser du sien dans cette belle entreprise.

Le régent accorda à la duchesse de Portsmouth huit mille livres d’augmentation de pension à douze mille livres qu’elle en avoit déjà : elle étoit fort vieille, très convertie et pénitente, très mal dans ses affaires, réduite à vivre dans sa campagne. Il étoit juste et de bon exemple de se souvenir des services importants et continuels qu’elle avoit rendus de très bonne grâce à la France, du temps qu’elle étoit en Angleterre, maîtresse très puissante de Charles II.

M. le duc d’Orléans fit une autre grâce, et fort grande, à