Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

autres tracasseries qu’il avoit essuyées dans le conseil de guerre. Il étoit piqué des deux résolutions prises sur les troupes, suggérées par Broglio, sans en avoir ouï parler. Il étoit secrètement d’avec ceux qui vouloient attaquer le régent d’une manière solide. Il ne contraignit donc pas ses propos sur la folie du projet des casernes et dés magasins, et sur le poids accablant pour les finances de l’augmentation de la paye. Tout en craignant de déplaire et n’osant résister à rien, la gourmette se lâchoit aussi, et il parloit avec éloquence, force et une sorte d’autorité qui imposoit au gros, et que le régent craignoit. À peu de jours de là cet exemple obtint la même grâce, successivement, d’exemple en exemple, aux maréchaux d’Huxelles, puis d’Estrées, enfin à d’Antin aussi, sans perdre leurs places dans leurs conseils. Il ne put refuser à Mme la duchesse de Berry de payer à Rion le régiment de Berry-cavalerie, puis de le lui changer pour les dragons Dauphin. Il donna dix mille livres de pension à Maupertuis, qui avoit été capitaine des mousquetaires gris, quoiqu’il eût le gouvernement de Saint-Quentin et la grand’croix de Saint-Louis. Il permit à Heudicourt de céder, par un très vilain marché, sa charge de grand louvetier à son fils. Il accorda à La Chaise la survivance de sa charge de capitaine de la porte pour son fils, qui ne vécut pas, dont le P. de La Chaise lui avoit procuré trois cent mille livres de brevet de retenue, et quelques jours après au duc de Guiche les survivances pour son fils aîné du régiment des gardes et de ses gouvernements, au grand déplaisir de la duchesse de Guiche, qui n’en sut rien qu’après, et qui désiroit la charge pour son second fils, qui étoit sa prédilection.

Ce fut ici le temps de l’arrivée de Londres à Paris de Chavigny, envoyé par l’abbé Dubois ; du départ de Nancré pour Madrid ; de la naissance, le derniers mars, à Madrid de l’infante M. A. Victoire, qui vint depuis à Paris comme future épouse du roi, qui fut le sujet de mon ambassade