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de l’Angleterre et de la république, pour moyenner la paix entre l’empereur et l’Espagne ; que si cette paix ne réussissoit point, la république s’uniroit avec l’Espagne par une alliance, soit que les Anglois y voulussent entrer ou non. Amsterdam paraissoit le désirer ; Beretti s’en applaudissoit comme du fruit de ses soins, et comptoit aussi sur les provinces d’Utrecht et de Gueldre. Les principaux membres de la république rejetoient sur l’Angleterre la lenteur de la négociation de la paix entre l’empereur et l’Espagne. Duywenworde se plaignoit de ces délais, qui laissoient perdre la conjoncture si favorable de la guerre de Hongrie pour rendre l’empereur plus facile. Il convenoit de l’intérêt commun que l’empereur ne se rendît pas maître de l’Italie, et assuroit que les États généraux l’abandonneroient s’il ne se rendoit pas raisonnable, et traiteroient avec l’Espagne pour leurs intérêts particuliers. Il se vanta, pour prouver ses bonnes intentions, d’avoir parlé très fermement, en dernier lieu, dans l’assemblée des États de Hollande, sur les contraventions de l’empereur au traité de la Barrière, et prétendoit l’avoir engagé d’écrire au roi d’Angleterre, pour lui demander l’interposition de ses bons offices à Vienne, d’où il arriveroit qu’en le faisant la république auroit ce qu’elle désiroit, ou s’il l’en refusoit, sa mauvaise foi seroit reconnue, et la république seroit en pleine liberté de traiter avec l’Espagne.

Elle venoit de réformer cinq régiments écossois. Albéroni en vouloit prendre deux à son service ; mais Beretti qui en avoit écrit à Londres, n’en ayant point de réponse, auguroit mal du succès de cette demande.

Malgré cette réforme de troupes, que le mauvais état des affaires des Hollandois les avoit obligés de faire, ils étoient inquiets des nouvelles levées que le roi de Prusse faisoit : il vouloit avoir soixante-cinq mille hommes sur pied, sans que ses ministres, ni peut-être lui-même, sût ce qu’il en vouloit faire. Ces troupes faisoient des mouvements dans le