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parti, je vis qu’on l’entraînoit au précipice. La crainte que j’eus de l’y voir rapidement enlevé m’engagea à lui promettre mon écrit dans deux jours, et en effet je le lui apportai le troisième sans avoir eu presque le temps de relire. Pour le montrer à personne, sa teneur fera comprendre que je ne l’imaginai pas. On y verra la mesure d’un écrit fait pour ce prince, et adressé à lui, fort différente comme de raison de la liberté des conversations autorisée par la familiarité de toute notre vie, et des temps pour lui les plus abandonnés et les plus périlleusement orageux. Le voici.




CHAPITRE XVI.


Projet d’états généraux fréquents de Mgr le Dauphin, père du roi. — Je voulois des états généraux à la mort du roi. — Embarras des finances et subsidiairement de l’affaire des princes. — Motifs de vouloir les états généraux. — Trait sur le duc de Noailles. — Introduction à l’égard des finances. — État de la question. — Grande différence d’assembler d’abord, et avant d’avoir touché à rien, les états généraux, ou après tout entamé et tant d’opérations. — Chambre de justice, mauvais moyen. — Timidité, artifice et malice du duc de Noailles sur le duc de La Force, très nuisible aux affaires. — Banque du sieur Law. — Première partie : raisons générales de l’inutilité des états. — Malheur du dernier gouvernement. — Choc certain entre les fonciers et les rentiers. — Premier ordre divisé nécessairement entre les rentiers et les fonciers, quoique bien plus favorables aux derniers. — Second ordre tout entier contraire aux rentiers. — Éloge et triste état du second ordre. — Troisième ordre tout entier pour les rentes. — Choc entre les deux premiers ordres et le troisième sur les rentes, certain et dangereux. — Pareil choc entre les provinces sur les rentes, auxquelles le plus grand nombre sera contraire. — Ce qu’il paroît de M. le duc d’Orléans sur l’affaire des princes. — Ses motifs de la renvoyer aux états généraux. — Certitude du jugement par les états généraux et de l’abus des vues de Son Altesse Royale à son