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sans autres, une requête au roi tendante à empêcher ces concessions dont j’ai la copie que je ne donne pas, parce qu’il ne s’agit pas ici de dissertation sur les rangs, mais simplement des événements de mon temps, à propos desquels j’ai cru devoir faire mention de ces mouvements de 1649, et de cette association ou traité qui demande quelques réflexions avant que d’achever de raconter en deux mots ce qu’elle devint et quel en fut le succès.

Ces messieurs de 1649 ne se proposent point d’attaquer ce qui est établi, non seulement de tous les temps et en tous les pays du monde comme en France, mais ce qui l’est depuis plusieurs règnes, et qui, bien ou mal fondé, l’est sur la naissance à laquelle le nom de prince est affecté, c’est-à-dire des personnes issues, de mâle en mâle, d’un véritable souverain, et dont le chef de la maison l’est actuellement, et reconnu pour tel dans toute l’Europe. On ne voit nulle part, dans l’association que ces messieurs approuvent, rien de ce qui a été toléré, puis accordé aux véritables princes étrangers. L’écrit se contente de passer à côté et ne va qu’au but qui l’a fait faire, qui est de s’opposer à des concessions de rangs et d’honneurs à des seigneurs et à des maisons jusqu’alors semblables d’origine à eux, qui n’ont jamais rien eu ni prétendu de différence, et auxquelles aussi nulle autre n’a déféré nulle part distinction humiliante et outrageante que l’écrit sait expliquer dans toute sa force, mais avec dignité. Il allègue donc les plus pressantes et les plus invincibles raisons, les plus solides et les plus évidentes, qu’a la noblesse à s’y opposer. Rien n’est plus éloigné de battre l’air, et de ne savoir que répondre sur le but qu’on se propose. Cet écrit est respectueux pour le roi et pour toute la maison régnante, plein de protestation de fidélité, qui est toujours la première exception pour n’y manquer jamais. Il n’est pas moins rempli d’égards et de ménagements sur les personnes qu’il attaque. Pas un mot, pas une expression qui les puisse le plus légèrement blesser, et la