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et les États généraux. L’extrême épuisement où la dernière guerre avoit jeté la Hollande lui faisoit ardemment souhaiter la continuation de la paix.

Le Pensionnaire, dont l’entêtement contre la France et l’attachement au feu roi Guillaume et à la maison d’Autriche en étoit cause, ne respiroit aussi que le repos de l’Europe, mais avoit au fond toujours le même penchant à favoriser la maison d’Autriche. Il tint à Beretti quelques propos sur la paix à faire entre l’empereur et le roi d’Espagne. Il lui dit même que le baron de Heems, envoyé de l’empereur en Hollande, lui avoit laissé entendre que ce monarque la désiroit sincèrement, et qu’il attendoit au premier jour des ordres pour parler plus positivement. Beretti paraissant douter de la sincérité impériale, Heinsius lui dit que, après que ses maîtres auroient proposé à l’empereur des conditions raisonnables, ils n’auroient plus d’égard à ses prétentions, s’ils s’apercevoient qu’il ne voulût que traîner les affaires en longueur ; qu’alors ils ne songeroient qu’à plaire au roi d’Espagne ; qu’ils connoissoient que son amitié leur étoit nécessaire ; qu’ils la vouloient obtenir ; que déjà Amsterdam et Rotterdam avoient applaudi à la proposition d’une alliance avec l’Espagne, et que la province de Zélande étoit du même avis.

Stanhope, par ordre du roi d’Angleterre, avoit entamé une négociation à Vienne pour traiter la paix entre l’empereur et le roi d’Espagne. Il fit savoir à Beretti que ceux qui avoient le plus de part en la confiance de l’empereur goûtoient les idées qu’il leur avoit suggérées. Un des points qui touchoit le plus le roi d’Espagne étoit d’empêcher que les États du grand-duc et ceux du duc de Parme tombassent jamais dans la maison d’Autriche, et d’assurer au contraire ceux de Parme et de Plaisance aux fils qu’il avoit de la reine d’Espagne, faute d’héritiers Farnèse. Stanhope espéroit d’obtenir cet article, trouvoit difficile et long de traiter par lettres, et pour le secret même trouvoit nécessaire que l’Espagne et la France