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écus, furent fixés à quinze mille. Les secrétaires du despacho [1] furent réduits de dix-huit mille à douze mille écus, et eux exclus de toutes places de conseillers dans les conseils ; le nombre des commis fort réduit, et eux uniquement fixés à leur emploi dans leur bureau. Il joignit en une les doux places de secrétaire de la police et des finances, fit d’autres changements dans les subalternes et abolit l’abus introduit par le conseil de Castille dans les provinces et dans les villes qui lui payoient quatre pour cent de toutes les sommes qu’elles étoient obligées d’emprunter jusqu’au remboursement de ces sommes.

Albéroni faisoit beaucoup valoir la sagesse et l’utilité de tout ce qu’il faisoit dans l’administration du gouvernement. Il n’en laissoit rien ignorer au duc de Parme, même fort peu des affaires. Quoiqu’il se sentit plus en état de protéger son ancien maître qu’en besoin d’en être protégé, son nom et cotte liaison ne lui étoient pas inutiles auprès de la reine d’Espagne. Pour les affaires de Rome, il ne lui en cachoit aucune. Les deux points que cette cour désiroit le plus d’obtenir de l’Espagne étoient que l’escadre promise contre les Turcs se rendit dans le 15 avril, au plus tard, dans les mers de Corfou, et qu’Aldovrandi en arrivant en Espagne y rouvrit la nonciature avec toutes les prérogatives de ses prédécesseurs. Le duc de Parme, intéressé particulièrement à lui plaire, pressoit Albéroni de tout faciliter sur ces deux articles, et pour lui marquer l’intérêt qu’il prenoit en lui, il lui donnoit en ami des conseils pour éviter de nouvelles plaintes du régent. Sa pensée étoit qu’il y avoit des gens auprès de ce prince qui pour leur intérêt particulier cherchoient à le brouiller avec l’Espagne. Enfin, pour aider de tout son pouvoir Albéroni à Paris, il en rappela son envoyé Pichotti qui s’étoit déchaîné contre ce premier ministre, et y envoya l’abbé Landi qui étoit si bien dans son esprit qu’il auroit été

  1. On a déjà vu plus haut que ce mot désignait la secrétairerie d’État.