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Comme il étoit peu sensible au froid et au chaud, même à la pluie, il n’y avoit que des temps extrêmes qui l’empêchassent de sortir tous les jours. Ces sorties n’avoient que trois objets : courre le cerf, au moins une fois la semaine, et souvent plusieurs, à Marly et à Fontainebleau, avec ses meutes et quelques autres ; tirer dans ses parcs, et homme en France ne tiroit si juste, si adroitement ni de si bonne grâce, et il y alloit aussi une ou deux fois la semaine, surtout les dimanches et les fêtes qu’il ne vouloit point de grandes chasses, et qu’il n’avoit point d’ouvriers ; les autres jours voir travailler et se promener dans ses jardins et ses bâtiments ; quelquefois des promenades avec des dames, et la collation pour elles, dans la forêt de Marly et dans celle de Fontainebleau, et, dans ce dernier lieu, des promenades avec toute la cour autour du canal, qui étoit un spectacle magnifique où quelques courtisans se trouvoient à cheval. Aucuns ne le suivoient en ses autres promenades que ceux qui étoient en charges principales qui approchoient le plus de sa personne, excepté lorsque, assez rarement, il se promenoit dans ses jardins de Versailles, où lui seul étoit couvert, ou dans ceux de Trianon, lorsqu’il y couchoit et qu’il y étoit pour quelques jours, non quand il y alloit de Versailles s’y promener et revenir après. À Marly, de même ; mais s’il y demeuroit, tout ce qui étoit du voyage avoit toute liberté de l’y suivre dans les jardins, l’y joindre, l’y laisser, en un mot, comme ils vouloient.

Ce lieu avoit encore un privilège qui n’étoit pour nul autre. C’est qu’en sortant du château, le roi disoit tout haut : Le chapeaux messieurs ! et aussitôt courtisans, officiers des gardes du corps, gens des bâtiments se couvroient tous, en avant, en arrière, à côté de lui, et il auroit trouvé mauvais si quelqu’un eût non seulement manqué, mais différé à mettre son chapeau ; et cela duroit toute la promenade, c’est-à-dire quelquefois quatre et cinq heures en été, ou en d’autres saisons, quand il mangeoit de bonne heure à