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verra à Son Altesse Royale pour le bien public, dont on est déjà très persuadé par les premiers arrangements qu’elle a faits ; et afin que l’on ne soit pas plus longtemps dans l’incertitude, qu’on doit déclarer dès aujourd’hui que la banque n’aura pas lieu.

« M. Fagon, de même avis ; ajoute que le papier répandu dans le public est ce qui cause le discrédit, et qu’en arrangeant le papier, on regagnera la confiance.

« M. d’Aguesseau, que pour rétablir la confiance, Son Altesse Royale n’a qu’à continuer à travailler comme elle le fait pour le bien public, et de l’avis de M. de Noailles en tout.

« M. Le Blanc [1], de l’avis de M. de Noailles en tout.

« M. Rouillé [2], que l’on doit prendre l’avis du public sur ce qui le concerne, et que le public y est opposé ; qu’il n’y a qu’à persévérer dans le bien pour faire revenir la confiance.

« M. d’Ormesson [3], tout comme M. de Noailles.

« M. Amelot [4], que le public a parlé par la bouche des banquiers ; de l’avis de M. de Noailles.

« M. des Forts [5], en tout de l’avis de M. de Noailles.

« M. le maréchal de Villeroy [6], qu’on n’en pourroit tirer présentement aucun profit, et que l’arrangement des rentes et des troupes, suivi de l’arrangement des billets, ramènera la confiance. Au reste, de l’avis entier de M. le duc de Noailles.

« Son Altesse Royale a dit qu’elle étoit entrée persuadée que la banque devoit avoir lieu ; mais qu’après ce qu’elle venoit d’entendre, elle étoit de l’avis entier de M. le duc de Noailles, et qu’il falloit annoncer à tout le monde, dès aujourd’hui, que la banque étoit manquée [7]. »

  1. Claude Le Blanc, conseiller d’État, devint, dans la suite, ministre de la guerre. Il est souvent question de Le Blanc dans les Mémoires de Saint-Simon.
  2. Hilaire Rouillé du Coudray, directeur des finances.
  3. Henri-François-de-Paule Le Fèvre d’Ormesson, seigneur d’Amboille, intendant des finances.
  4. Michel Amelot, marquis de Gournay, conseiller d’État.
  5. Michel-Robert Le Pelletier des Forts fut, dans la suite, contrôleur général des finances.
  6. François de Neufville, duc de Villeroy, maréchal de France, chef du conseil des finances. Les Mémoires de Saint-Simon abondent en détails sur le maréchal-duc de Villeroy.
  7. Voy. sur ce conseil de finances l’ouvrage de M. Levasseur, Recherches historiques sur le système de Law, p. 39 et suiv.