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intelligence entre elle et l’Angleterre, laquelle en même temps recherchoit le roi d’Espagne, au point que Monteléon lui manda qu’il dépendoit de Sa Majesté Catholique de faire seule une alliance avec l’Angleterre ou d’y faire comprendre la France.

Parmi tant de mouvements contraires et de propositions trompeuses, les ministres d’Angleterre étoient fort occupés au dedans. Leur parti whig, qui avoit triomphé des torys par la mort de la reine Anne et la faveur de Georges son successeur, craignoit la vengeance de la tyrannie qu’il avoit si cruellement exercée, si le parti opprimé, soutenu du mécontentement général du gouvernement, reprenoit le dessus. Le parlement rendu triennal n’avoit plus qu’une année à durer ; il étoit de l’intérêt des ministres de le prolonger encore de quelques années, en quoi s’accordoit celui de la chambre basse, dont les membres continués épargnoient les brigues et l’argent d’une autre élection. Celle des seigneurs y étoit opposée, parce que, ne craignant point de changement pour elle, la plupart en désiroient dans celle des communes contre le gouvernement présent ; mais en Angleterre comme dans les autres pays, ce n’étoit plus le temps des seigneurs. Les ministres et les principaux de leurs amis des communes travailloient donc de concert à cette grande affaire, qui absorboit presque toute l’application des ministres, parce que les autres affaires n’étoient que celles de l’État et que celle-ci étoit la leur même, et la plus importante à la conservation de leurs places et de leur autorité. C’étoit aussi la principale du roi d’Angleterre. Leur projet étoit de faire passer un acte de prolongation du parlement pour quatre années ; mais ils vouloient être certains d’y réussir avant de le présenter.