Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/398

Cette page n’a pas encore été corrigée

en moindre soupçon des dispositions intérieures de la Hollande, qui n’étoit pas sans en avoir aussi de l’empereur, sur l’exécution du traité de [la] Barrière, et si alarmée des bruits répandus d’une prochaine rupture de l’Angleterre avec la France, qu’elle s’excusoit déjà d’y entrer sur l’épuisement où la dernière guerre l’avoit mise. Le Prétendant avoit repassé la mer avec le duc de Marr ; le roi Georges paraissoit plus affermi que jamais, et Stairs n’oublioit rien pour l’animer contre la France, jusqu’aux plus grossiers mensonges, tels que celui-ci :

Le secrétaire d’Angleterre à Madrid eut ordre de confier au roi d’Espagne que le régent avoit voulu faire entendre à Stairs que l’Espagne avoit fait plus que la France en faveur du Prétendant, mais que le roi d’Angleterre avoit tant de confiance en l’amitié et en la bonne foi du roi d’Espagne, qu’il l’avertissoit des soupçons que le régent tâchoit de lui inspirer. En même temps les Anglois cherchoient à concilier et à attacher le roi de Sicile à l’empereur. Les ministres anglois, qui désiroient le renouvellement de la guerre avec la France, ne laissoient pas d’y être embarrassés dans la crainte domestique du mécontentement général des peuples d’Angleterre, et de ce qui fumoit encore en Écosse. Ils craignoient encore l’effet que produiroient enfin en France les plaintes sans fin de leur ambassadeur, et ses mémoires menaçants présentés coup sur coup au régent, ils n’en étoient que plus déterminés à rechercher l’amitié de l’Espagne, et tous les moyens de semer la division entre elle et la France. Stanhope, pour confirmer la confidence qu’il avoit fait faire au roi d’Espagne, montra à Monteléon une lettre de Stairs, qui rapportoit les termes suivants, qu’il prétendoit avoir entendus du régent, et qu’il lui dit : Enfin, monsieur, vous voilà amis de l’Espagne ; cependant je vous assure que le roi d’Espagne a fait pour le Prétendant ce que moi je n’ai pas voulu faire. Monteléon répondit que ce propos lui paraissoit incroyable, qu’il y soupçonnoit plus de malice que de vérité,