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sans l’avoir pu être, mariée. Car son mari a vu la cour bien peu, maréchal de France, fait bien bizarrement duc en Bohême, d’où presque aussitôt, il revint perdu, exilé, et mourut peu après dans cette disgrâce, sans avoir eu permission d’approcher la cour depuis son retour.

D’Antin maria son second fils à la fille unique de Vertamont, premier président du grand conseil, riche à millions, et plus avare, s’il se peut, que riche. Elle manquoit de bas et de souliers chez son père, dans un grenier où elle ne voyoit jamais de feu. Ses naïvetés aussi, quoiqu’elle ne manquât pas d’esprit, et ses surprises de l’abondance et de la magnificence qu’elle trouva chez d’Antin, furent longuement divertissantes. Son mari prit le nom de marquis de Bellegarde. En même temps d’Antin procura à Vertamont le râpé de la charge de greffier de l’ordre que Lamoignon, président à mortier, vendit à Le Bas de Montargis, garde du trésor-royal. On cria fort de voir l’ordre sur Montargis, et cela renouvela contre Crosat. On trouva étrange aussi que six hommes vivants demeurassent parés du cordon successif de la même charge, qui étoient : La Vrillière, les chanceliers de Pontchartrain et Voysin, Lamoignon, Vertamont et Montargis. Les trois autres charges avoient aussi leurs vétérans et leurs râpés, mais non chacune en si grand nombre.

Le maréchal de Besons maria aussi une de ses filles, belle et bien faite, à Maubourg, brigadier de cavalerie, et très bon officier, veuf depuis un an d’une fille de La Vieuville, mari de la dame d’atours de Mme la duchesse de Berry.

Le duc de Melun épousa une fille du duc d’Albret. Mme d’Espinoy, sa mère, mit sa fille dans les Rohan ; elle étoit Lorraine, comme on a vu souvent ; elle vouloit peu à peu poulier son fils à la principauté que son mari avoit toujours eue dans la tête.

Le mariage du fils aîné du duc de Villeroy fut arrêté avec la fille aînée du prince de Rohan. On a vu plus d’une fois ici ce que toute leur vie furent l’un à l’autre le maréchal de