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éteint le grand nombre de petites véroles, même dangereuses, qui régnoient alors à Paris.

Son Altesse Royale régla la réforme des troupes, qui fut exécutée presque aussitôt après.

Ce prince ne s’étoit pas bien trouvé de ne m’avoir pas cru sur les PP. Tellier et Doucin. Ils firent tant de pratiques si dangereuses, et si hautement, que Son Altesse Royale fut obligée de les chasser. Il eut encore la facilité de permettre au premier de se retirer à Amiens, dont l’évêque, aussi fanatique que lui, mais fort sot, étoit sa créature. On verra qu’il fallut encore le sortir de cet asile, où il faisoit encore pis qu’à Paris. Les jésuites firent tant d’impertinences à Metz et à Verdun que M. de Metz se trouva obligé de les interdire, et y fut tôt après imité par l’évêque de Verdun, au grand scandale de son cousin Charost, plus fanatique qu’eux, si cela pouvoit être possible.

Biron, qui n’avoit point de bien et beaucoup d’enfants, trouva à se défaire de l’aînée avec soixante mille livres pour tout, à Bonac, neveu de Bonrepos. Bonac avoit de la capacité pour les affaires étrangères, où il avoit presque toujours été employé dans le nord et en Espagne. Lassay fils, nommé par le feu roi pour aller en Prusse, aima mieux, après sa mort, demeurer auprès de Mme la Duchesse, qui ne le désiroit pas moins. Bonac fut destiné à le remplacer, quoique destiné à l’ambassade de Constantinople, où il alla pourtant à la fin. M. de Lauzun, frère de la mère de Mme de Biron, fit la noce.

Biron fit un autre mariage en même temps bien différent de celui-ci, ce fut de Gontaut son fils avec la fille aînée du duc de Guiche, grande et singulièrement belle et bien faite, et spirituelle, à qui son père donna vingt mille livres. Gontaut en avoit conté à des personnes en qui M. le duc d’Orléans prenoit part, il n’avoit été ni discret ni modeste, il avoit été chassé. Lassé de tuer des lièvres à Biron, au fond de la Gascogne, il étoit venu vivre à l’abbaye de Saintes