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décisive du fait, aussi facile, et que j’avois commencé à exécuter en venant chez elle avec elle, pût être susceptible de refus ; que j’estimois, au contraire, qu’elle méritoit toute autre chose ; que je pensois que tout le monde le trouveroit ainsi, et verroit clair aux deux procédés ; que, pour cela même, je la faisois encore, et m’offrois de nouveau à l’exécuter à l’instant, mais que si le refus persistoit, j’entendrois ce que cela voudroit dire, et que j’en seroit fort étonné après une amitié de vingt ans, telle qu’avoit été la mienne. Tout cela se passa tout haut devant ce que j’avois trouvé dans cette première pièce.

La comtesse de Roucy voulut répondre souplement, mais je la priai que nous ne perdissions point le temps, et de retourner à son mari. Elle y entra. Le parti étoit pris, elle y demeura peu, et revint me dire les mêmes choses. Je lui répondis qu’après ce que j’avois fait, proposé, commencé de ma part à exécuter en venant chez elle, avec elle, et encore d’insister, je n’avois plus qu’à prendre congé d’elle, lui fis la révérence, une autre à la compagnie, et m’en allai.

Dès ce même jour les cris redoublèrent, le comte et la comtesse de Roucy coururent les maisons, et eurent beau jeu, parce que plus que content de ce que j’avois fait, je ne pris pas la peine de m’en remuer. Trois ou quatre jours se passèrent de la sorte. À la fin nous fûmes, Mme de Saint-Simon et moi, avertis de tant d’endroits des vacarmes et des propos du comte et de la comtesse de Roucy, qui retentissoient partout, que j’allai au Palais-Royal où je trouvai M. le duc d’Orléans avec M. le comte de Toulouse chez Mme la duchesse d’Orléans, qui alloit dîner seul à son ordinaire avec la duchesse Sforce. Là je dis à M. le duc d’Orléans, devant cette courte compagnie, tout ce qui s’étoit passé entre la comtesse de Roucy et moi, que je viens de raconter, les clabauderies et les propos qui me revenoient d’eux de toutes parts, enfin ce qu’il voyoit bien que je ne