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en eut de plus nombreuses chez le maréchal d’Harcourt qui n étoit plus portatif, et qui n’étant plus en état de rien comprendre, encore moins de disserter, les couvrit de son ombre, et applaudissoit de la tête avec de grands yeux ouverts et étonnés à ce que Noailles expliquoit, comme de sa part. Je voyois, il y avoit du temps, les progrès de cet Achitophel ; je comprenois qu’il réussiroit enfin ; je n’allois plus qu’à regret à nos assemblées chez l’ancien de nous qui se trouvoit à Paris, et souvent il falloit me presser pour m’obliger à m’y rendre. Enfin un jour que nous fûmes tous avertis de nous trouver chez le cardinal de Mailly, archevêque de Reims, nous le fûmes une heure après pour nous rendre chez le maréchal d’Harcourt.

De ce moment je vis ce qui alloit arriver, et je résolus de me tenir chez moi. Je n’avois garde d’aller chez le maréchal d’Harcourt, où pas un de notre union n’avoit jamais été, et où pour la première fois nous étions priés de nous trouver, parce que je ne voulus pas me livrer à des disputes inutiles sur un parti bien pris entre eux, et qu’ils ne vouloient que nous déclarer, pour rendre la division plus invariable par tout ce qu’il étoit difficile qui n’accompagnât pas, dans les termes où on étoit arrivé, l’action de cette assemblée, si nous nous y fussions rendus ; aussi pas un de nous n’en fut-il tenté.

Je ne voulois pas, non plus, aller chez le cardinal de Mailly, pour y assister, pour ainsi dire, à nos funérailles, car ce les furent en effet. Mais je fus si pressé de plusieurs, et le matin même par Mme de Saint-Simon qui me représenta qu’il y auroit de la honte d’abandonner ceux avec qui j’avois toujours été uni, que je m’y en allai. Cela fit que j’y arrivai des derniers, qu’on y avoit été dans l’inquiétude de mon absence, et que je fus reçu avec de grands témoignages de satisfaction. On attendit longtemps ceux qui étoient de chez M. d’Harcourt. Tous les nôtres étoient chez le cardinal de Mailly, et le duc de Rohan de plus qui déclama fort contre