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p. 80 et suiv.) le silence de Sainctot, maître des cérémonies alors, dans les siens, et (t. IV ; p. 163) la fausseté de Châteauneuf dans ceux de l’ordre du Saint-Esprit, dont je ne rappellerai point ici les sujets qui se trouvent aux pages indiquées. Ces messieurs écrivent seuls dans les ténèbres, sans contradicteur ni inspecteur, et prétendent faire ainsi des lois. Les registres ne se faisoient pas autrefois de la sorte ; et la probité de ces nouveaux venus, si solennellement reconnue pour telle qu’elle est par ces tristes découvertes, ne sauroit plus faire d’illusion à personne.

À l’égard de ces obsèques du roi, M. le duc d’Orléans ne se soucioit d’aucun ordre ni d’aucune règle. On ne fut pas longtemps à s’apercevoir qu’il avoit mis sa politique, tant en choses générales qu’en particulières de toute espèce, à faire naître des disputes ; et bientôt ce mot favori lui échappa comme un axiome admirable dans la pratique : Divide et regna. Il laissa donc faire la pompe funèbre comme on voulut : Dreux en fut le maître, et il y signala toutes ses bonnes qualités.

Les ducs d’Uzès, de Luynes et de Brissac furent nommés pour porter la couronne, le sceptre et la main de justice, comme les plus anciens à pouvoir faire cette fonction. Ils étoient dans les hautes chaires, du même côté que les trois princes du deuil, dont M. le duc d’Orléans étoit le premier ; et tout de suite après eux, une stalle vide entre le dernier de ces trois princes et le duc d’Uzès, par conséquent au-dessus de toutes les cours supérieures, et ils avoient aussi leurs carreaux.

La cérémonie commencée, Dreux s’étant approché au bas de la stalle de M. le duc d’Orléans, pour en recevoir quelque ordre, M. d’Uzès s’avança par devant les deux autres princes du deuil, et dit à Dreux qu’il le prioit de se souvenir que les trois ducs devoient être salués avant le parlement. Dreux répondit net et court qu’il n’en feroit rien. Il étoit fils de ce conseiller de la grand’chambre qu’on a vu qui avoit fait la