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encore que tous les carrosses et tous les attelages du roi soient de sa petite écurie, c’étoit de tout temps, sans interruption jusqu’alors, au grand écuyer seul à ordonner le deuil des carrosses et des harnois des attelages toutes les fois que le roi drapoit, et celui de toute la livrée de la petite écurie sans aucune exception. Enfin il montroit qu’il étoit seul et unique ordonnateur de la petite écurie comme de la grande ; que la chambre des comptes ne connoît que sa seule signature pour la petite comme pour la grande écurie, et que bien qu’il laissât faire au premier écuyer toutes les dépenses de la petite écurie, c’étoit au grand écuyer que ces dépenses étoient apportées lorsqu’il en falloit compter, pour qu’il fît, comme il l’y faisoit toujours, la même fonction d’ordonnateur qu’il faisoit pour les dépenses de la grande écurie, avec quoi elles étoient allouées à la chambre des comptes, sans que le nom du premier écuyer y parût jamais en rien. Sa conclusion étoit l’entière dépendance de lui de toute la petite écurie et de son premier écuyer, à quoi ne pouvoit préjudicier la complaisance qu’il avoit eue de ne la pas faire sentir, et conséquemment qu’à lui, privativement au premier écuyer, appartenoit toute la dépouille de la petite écurie.

M. le Premier convenoit de tous ces faits, et en niait les conséquences. Il prétendit que les provisions de l’office de grand écuyer, toutes copiées sur l’ancien style, ne prouvoient rien contre l’état présent des choses ; que la plupart des charges se sont faites et accrues aux dépens les unes des autres. Il disoit qu’on seroit bien étonné de voir le grand chambellan prétendre se soumettre aujourd’hui les quatre premiers gentilshommes de la chambre, le grand maître et les maîtres de la garde-robe et tous les officiers qui dépendent d’eux, vouloir commander seul dans la chambre et les appartements du roi, y ordonner et payer les fêtes et les cérémonies, ôter aux premiers valets de chambre la cassette du roi, s’arroger un petit sceau du roi, et en sceller