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CHAPITRE X.


Pontchartrain reçoit en face les plus cruels affronts en plein conseil de régence. — Bassesse et avarice de Pontchartrain. — Désordre des finances. — Frayeur des partisans. — Plénoeuf en fuite. — Suite et détail des finances, trop fort et trop vaste pour moi à le raconter. — Replâtrage entre M. le Duc et le duc du Maine sur la qualité de prince du sang. — M. le Grand prétend toute supériorité et autorité sur la petite écurie et sur le premier écuyer du roi, et d’avoir la dépouille de la petite écurie. — Caractère de M. le Grand. — Faiblesse du conseil de régence. — Raisons de M. le Grand. — Raisons de M. le Premier. — M. de Troyes s’enfuit à Troyes, de peur de juger l’affaire de M. le Grand et de M. le Premier. — Conseil de régence où les prétentions du grand et du premier écuyer sont jugées toutes en faveur du premier écuyer. — Le premier écuyer me parle en faveur de sa femme et me presse de la recevoir. — Caractère de Mme de Beringhen. — Je reçois enfin sa visite. — Le régent permet au grand écuyer de protester, qui en abuse et tient l’affaire comme non jugée. — Continuation des mêmes démêlés, qui, après la mort de M. le Grand, tuent M. le Premier, et qui continuent entre leurs fils jusqu’à ce que le roi majeur décida comme avoit fait le conseil de régence. — Le prince Charles refuse de signer les dépenses de la petite écurie à l’ordinaire, sans examen. — M. le Duc, sur ce refus, les signes comme grand maître de France, et le grand écuyer en perd le droit.


J’avois bien résolu, dès que je verrois le conseil de régence prendre forme, d’y faire révoquer l’édit de création des gardes-côtes qui m’avoit brouillé, comme on l’a vu, avec Pontchartrain, et de me donner le plaisir de le faire en sa présence. J’en parlai au comte de Toulouse, qui abhorroit Pontchartrain, comme on l’a vu aussi, et qui la lui gardoit bonne, ainsi que le maréchal d’Estrées. Nous convînmes que cela seroit proposé au conseil du mardi 1er octobre,