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conseils qui y venoient rapporter leurs affaires, et qui, pour de certaines, y furent quelquefois appelés, tandis que les conseils demeurèrent dans leur premier établissement.

La régence étoit donc, pour le répéter de suite, ainsi composée. M. le duc d’Orléans, M. le Duc, le duc du Maine, le comte de Toulouse, Voysin chancelier, moi, puisqu’il faut que je me nomme, les maréchaux de Villeroy, d’Harcourt, de Besons, l’ancien évêque de Troyes, et Torcy opinants, et La Vrillière tenant le registre, et Pontchartrain, tous deux sans voix.

Ceux qui y venoient rapporter étoient l’archevêque de Bordeaux, les maréchaux de Villars, d’Estrées et d’Huxelles, les ducs de Noailles et d’Antin.

On voit ainsi sur quels et sur combien le régent pouvoit compter pour amis, pour ennemis ou pour assez indifférents. Il arriva pourtant presque toujours que le conseil fut tranquille et que le régent y fut maître de tout. Le personnage que chacun de ceux-là y fit se verra avec le temps.

De cette façon Desmarets fut le seul des ministres du feu roi congédié alors par une courte lettre que M. le duc d’Orléans lui écrivit, et les six conseils furent enregistrés au parlement, c’est-à-dire leur établissement, non pas les noms ni le nombre de leurs membres. Il n’y fut pas mention du conseil de régence, comme étant le conseil du roi, et le gouvernement même.

Tallard fut aussi le seul qui ne fut point employé de tous ceux que le roi avoit nommés dans son testament. Ce n’est point trop dire qu’il pensa en devenir fou, et qu’il fit plusieurs extravagances. Il alla disant partout qu’il se feroit écrire le testament du roi sur le dos ; il cria, clabauda, lâcha au régent le maréchal de Villeroy et les Rohan ; plaintes, clameurs, dépits, bassesses, prostitutions, tout fut mis inutilement en usage. Jamais le régent, si ordinairement facile, ne put être entamé. En général il le regardoit comme contraire à lui, avec raison, mais il falloit qu’il y eût quelque