Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

Une seule femme de chambre le savoit et la pansoit. On a suffisamment parlé d’elle et de son mari, lorsqu’elle fut faite dame d’atours de Mme la duchesse de Berry. Cette princesse étoit à Saint-Cloud avec sa petite cour, en attendant que le Luxembourg fût en état qu’elle y vint loger. Elle disposa de la charge de sa dame d’atours en faveur de Mme de Pons qui étoit une de ses dames, qu’elle remplaça de Mme de Beauvau, dont le mari fut chevalier de l’ordre en 1724, et son frère aussi qui étoit archevêque de Narbonne. Cette dame étoit aussi Beauvau, d’une autre branche ; son père avoit été capitaine des gardes autrefois de Monsieur. On donna au duc et à Mme la duchesse du Maine un magnifique appartement en bas, aux Tuileries ; et M. de Bouillon obtint pour le duc d’Albret, son fils, la charge de grand chambellan sur sa démission, en ayant vainement tenté la survivance.

Le jeudi la septembre le roi vint tenir son premier lit de justice, où il n’y eut point de foi et hommage et rien de particulier, sinon que la duchesse de Ventadour y eut un petit siège, et que le maréchal de Villeroy en eut un aussi fort bas, hors de rang, entre le trône et la première place des pairs ecclésiastiques. Ce fut une tolérance, car il ne pouvoit être en fonctions tant que le roi étoit entre les mains des femmes. Le premier chambellan, comme grand écuyer, le porta depuis le carrosse jusqu’à la porte de la grand’chambre, où le duc de Tresmes le prit et le porta sur son trône. Il servit de grand chambellan, et en eut la place comme premier gentilhomme de la chambre en année, parce que le duc d’Altret, qui ne l’étoit que de la veille, n’avoit pas prêté serment.

Le samedi 14 septembre les compagnies allèrent haranguer le roi à Vincennes, et le chancelier donna la démission de sa charge de secrétaire d’État de la guerre, suivant l’engagement qu’on a vu qu’il en avoit pris avec M. le duc d’Orléans pour se conserver les sceaux. On en a assez dit sur