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gré, sa table et les autres nourritures aussi à son gré, aux dépens de la maison, ce qui a été très ponctuellement exécuté jusqu’à sa mort. Ainsi elle n’avoit pas besoin de cette belle libéralité d’une continuation de pension de quarante-huit mille livres. C’étoit bien assez que M. le duc d’Orléans daignât oublier qu’elle fût au monde, et ne pas troubler son repos à Saint-Cyr. Madame la fut voir aussi le même matin sur les onze heures. Pour elle, on a vu qu’elle lui dut tout à la mort de Monsieur, et Madame lui devoit au moins cette marque de reconnoissance.

Le régent se garda bien de me parler de sa visite, ni devant ni après, et je ne pris pas non plus la peine de la lui reprocher et de lui en faire honte. Elle fit grand bruit dans le monde et n’en fut pas approuvée. L’affaire d’Espagne n’étoit pas encore oubliée, et le testament et le codicille fournissoient alors à toutes les conversations.

Le samedi 7 septembre étoit le jour pris pour le premier lit de justice du roi, mais il se trouva enrhumé la nuit, qu’il ne passa pas trop bien. Le régent vint seul à Paris. Le parlement étoit assemblé, et j’allai jusqu’à une porte du palais, où je fus averti du contre-ordre qui ne venoit que d’arriver, et qui ne put nous trouver chez nous. Le premier président et les gens du roi furent aussitôt mandés au Palais-Royal ; et le parlement, qui alloit entrer en vacance, fut continué pour huit jours à l’égard des procès, et pour tout le reste du mois quant aux affaires générales. Le lendemain, le régent qui étoit importuné du séjour de Versailles, parce qu’il aimoit à demeurer à Paris où il avoit tous ses plaisirs sous sa main, et trouvant de l’opposition dans les médecins de la cour, tous commodément logés à Versailles, au transport de la personne du roi à Vincennes sous prétexte d’un petit rhume, fit venir tous ceux de Paris qui avoient été mandés à voir le feu roi. Ceux-là qui n’avoient rien à gagner au séjour de Versailles se moquèrent des médecins de la cour, et sur leur avis il fut résolu qu’on mèneroit, le lendemain