Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

en bas du côté de la chapelle. Le jour qu’elle alloit à Paris, nous fûmes surpris de voir arriver Bloin, comme nous allions nous mettre à table, suivi de quelques garçons du garde-meuble. Il me dit que le roi l’avoit chargé de me prier de céder ce bas de pavillon au prince de Cellamare, et d’aller dans un logement vis-à-vis de la chapelle, en haut, sans expliquer comment il étoit vide. Il m’assura que le roi vouloit que je fusse bien et que j’y serois très commodément. Il ajouta que le roi désiroit que je déménageasse aussitôt pour m’y établir, et qu’il en avoit tant d’impatience, qu’il lui avoit ordonné d’amener des garçons du garde-meuble pour aider à mes gens à tout transporter promptement. Nous dînâmes, Mme de Saint-Simon partit, et je déménageai aussitôt. Mes gens me dirent que quantité de garçons du garde-meuble étoient venus, et Bloin encore une fois, et que tout avoit été fait en un moment. Je ne savois à quoi attribuer une telle précipitation : je le sus enfin en m’allant coucher.

Mes gens me contèrent que j’étois dans le logement de Courtenvaux, qui par sa charge de capitaine des Cent-Suisses en avoit un fixe auprès de ceux des autres charges de la chambre, garde-robe et chapelle ; que sur les dix heures une chaise de poste étoit arrivée. C’étoit Courtenvaux qui, surpris de voir de la lumière dans sa chambre à travers les vitres, avoit envoyé savoir ce que c’étoit. Son laquais monta tout botté, qui fut encore plus [surpris] de trouver là mes gens établis, et qui l’alla dire à son maître. Il renvoya dire que c’étoit son logement, et qu’il falloit bien qu’il y couchât. Mes gens contèrent à son valet la façon dont j’avois déménagé, et répondirent qu’ils ne sortiroient point de là, et que son maître n’avoit qu’à aller trouver Bloin, et voir avec lui ce qu’il deviendroit. Courtenvaux n’eut pas d’autre parti à prendre. Bloin lui dit, de la part du roi, qu’il y avoit dix-huit jours qu’il étoit absent sans congé ; que cela lui arrivoit tous les voyages ; que le roi étoit las de cette liberté, et qu’il