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plus éminent, et l’on y monte par plusieurs degrés, en sorte qu’il commande à huit autres pavillons. Ces huit pavillons, aussi isolés, forment une espèce d’avenue spacieuse au Pavillon-Royal dans les jardins, et n’ont de communication les uns avec les autres que par des berceaux de fer sur lesquels on a fait plier des arbres qui les couvrent.

Les quatre faces de tous ces pavillons sont peintes à fresque, d’ornements d’architecture, couverts en terrasses, avec des vases sur les angles et au-dessus des pilastres.

Le Pavillon-Royal consiste au dedans en quatre vestibules au rez-de-chaussée, où l’on entre par les quatre faces dudit pavillon. Ces quatre vestibules conduisent à un grand salon de toute la hauteur du pavillon, et qui en fait le centre, et dans les quatre angles sont quatre appartements qui ont leurs entrées et sorties sur ces vestibules. Au-dessus de ces quatre appartements, il y en a encore d’autres plus petits dégagés par un corridor qui tourne autour du dôme du grand salon.

Dans ce château tous les agréments et les commodités de la vie sont rassemblés avec tant de soin d’art et de propreté qu’il n’y reste rien à désirer.

Les autres pavillons sont occupés chacun par une des personnes de la cour, à qui le roi fait l’honneur de les nommer pour être de ses parties.

La chapelle et le corps de garde sont détachés du château et forment deux pavillons aux deux côtés de la principale entrée. Les jardins sont très-agréables, surtout dans la saison des fleurs, par la diversité et l’abondance qui s’y en trouvent.

Les fontaines et les cascades y sont en très-grand nombre et très-belles, et depuis peu Sa Majesté a fait encore tomber une cascade en forme de rivière du haut de l’allée du derrière du château, d’où elle se décharge dans toutes les autres fontaines des jardins. Je n’ai point supputé la dépense de cette nouvelle rivière, pour ne point innover aux calculs de ces mémoires, On estime qu’elle passe cent mille écus.

Le roi embellira tous les jours cette maison de plaisance qu’il aime beaucoup, et qui passeroit dans un autre pays pour un chef-d’œuvre de l’art et de la nature en l’état qu’elle est. On prétend que c’est Sa Majesté qui en a donné les principales idées ; ce qui est de vrai, c’est qu’elle est très-singulière, et qu’elle ne ressemble à aucune autre maison royale.