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du sang pour lui et sa postérité, et pour son frère, par une nouvelle et très précise déclaration du roi, incontinent enregistrée au parlement. — Sainte-Maure conserve les livrées et les voitures de M. le duc de Berry. — Prince électoral de Saxe prend congé du roi dans son cabinet à Marly. — Mme de Maintenon lui fait les honneurs de Saint-Cyr. — Mort de Ducasse ; sa fortune, son caractère. — Mort de Nesmond, évêque de Bayeux.


Le roi alla de Versailles courre le cerf dans la forêt de Marly, et y fit donner des chevaux au comte de Lusace, c’est-à-dire le prince électeur de Saxe, au palatin son gouverneur, et aux princes d’Anhalt et de Darmstadt ; et le lendemain il convia dans la galerie le comte de Lusace à la volerie, où Sa Majesté alloit.

Un autre étranger arriva en même temps qui éprouva le sort ici de la princesse des Ursins. Je parle du lord Saint-Jean, plus connu sous le nom de vicomte de Bolingbroke, par les mains duquel avoit passé le traité de Londres qui força les alliés à conclure la paix d’Utrecht, et lequel, dans la fin de la négociation de Londres, fut envoyé ici passer huit ou dix jours par la reine Anne, où il fut reçu avec tant de distinction, comme je l’ai marqué en son lieu. Son sort en Angleterre avoit changé comme celui de la princesse des Ursins en Espagne, avec cette différence que notre cour fut bien fâchée de la disgrâce de ce ministre et de n’oser le voir. Le nouveau roi avoit changé tout le ministère, et remis les whigs en place, d’où il avoit chassé les torys. Ces premiers profitèrent de ce retour pour exercer leurs haines particulières. Ils attaquèrent les ministres de la reine Anne, et leur firent un crime d’avoir fait la paix. Prior, qui s’en étoit fort mêlé sous ces ministres de la reine Anne, vendit leur secret et ce qu’il put avoir de papiers à leurs persécuteurs qui étoient aussi les siens, pour se tirer d’oppression par cette infamie. Bolingbroke, le plus noté de tous pour avoir eu la principale part à la paix, se trouva aussi dans le plus grand danger, et en même temps le moins établi. Il lutta un temps,