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conjure de vous souvenir de ce qu’il vous a plu de me faire espérer sur ce sujet, et qu’assurément la passion et la fidélité que j’ai pour vous et pour la moindre de vos satisfactions mérite bien que vous songiez un petit à guérir la maladie, qui, sans votre assistance, sera incurable.

« Vous en avez eu depuis peu de jours une belle occasion, ayant vu plusieurs lettres de la cour qui portoient que la personne dont est question vous avoit bien fâchée par des emportements qui étoient fort contre le respect que tout le monde vous doit, et pour une affaire dont il n’y a qui que ce soit qui ne la condamne, outre que l’ouverture de la cassette sera de grand préjudice, puisqu’il fera public ce que du Bosc[1] y avoit laissé pour servir le confident en ce que vous savez. Je

  1. Loret donne quelques détails sur ce du Bosc (Muse historique, 25 octobre 1659) : Lettre XLIe.

      « Monsieur Dubosq, digne d’estime,
    Jadis mon amy très intime,
    Et de mesme climat que moy,
    L’un des interprètes du roy,
    Et gentilhomme chez la reine,
    Dont l’âme estoit de vertus pleine ;
    Enfin, ce Dubosq que je dis,
    Que je tiens estre en paradis,
    D’autant qu’il estoit bon et sage
    Est décédé dans le voyage,
    Depuis trois semaines, ou plus,
    À Baïonne ou Saint-Jean de Lus.

      « Il sçavoit faire des harangues,
    Estoit docte en diverses langues,
    Comme il a montré plusieurs fois,
    Servant avec esprit nos rois.
    Son âme estoit noble et loyale,
    Estant pour la cause royale
    Toujours ferme comme une tour ;
    Et quoyqu’il fût homme de cour,
    Sa probité fut infinie ;
    Il vivoit sans cérémonie.
    L’Éminence et Leurs Majestés
    Faisoient cas de ses qualités.
    Bref, chacun le chérissoit comme
    Un fort prude et fort honnête homme.

      « O cher Dubosq, esprit charmant,
    Qui, comme moy, fus bas Normand,
    Courtisan, à présent, céleste,
    Qui, par un sort trop tôt funeste,
    Es mort travaillant pour la paix ;
    Estant avec Dieu, désormais,
    Sans plus redouter les tempestes
    Que le ciel suspend sur nos testes,
    Ce Loret qui t’estimoit tant
    Et qui, dans ce monde inconstant,
    Ne te peut survivre de gueres,
    Se recommande à tes prières. »