que Dieu lui avoit donné, au moins l’émoussèrent presque entièrement, et empêchèrent sans cesse qu’il fît aucun usage de ces vertus, dont son royaume et lui-même furent les victimes.
De ces sources étrangères et pestilentielles lui vint cet orgueil [tel] que ce n’est point trop de dire que, sans la crainte du diable que Dieu lui laissa jusque dans ses plus grands désordres, il se seroit fait adorer et auroit trouvé des adorateurs ; témoin entre autres ces monuments si outrés, pour en parler même sobrement : sa statue de la place des Victoires, et sa païenne dédicace où j’étois, où il prit un plaisir si exquis ; et de cet orgueil[1] tout le reste qui le perdit, dont on vient de voir tant d’effets funestes, et dont d’autres plus funestes encore se vont retrouver.
CHAPITRE XVII.
Ce même orgueil, que Louvois sut si bien manier, épuisa le royaume par des guerres et par des fortifications innombrables. La guerre des Pays-Bas, à l’occasion de la mort de
- ↑ Cette phrase, que les précédents éditeurs ont corrigée, s’entend facilement en ajoutant le verbe [ vint ] qui se trouve plus haut : Et de cet orgueil [ vint ] tout le reste, etc.