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roi ne demeura guère à l’armée depuis, quoiqu’on ne fût qu’au mois de mai. Il s’en revint trouver sa maîtresse.

L’année suivante il retourna en Flandre, il prit Cambrai ; et Monsieur fit cependant le siège de Saint-Omer. Il fut au-devant du prince d’Orange qui venoit secourir la place, lui donna bataille près de Cassel et remporta une victoire complète, prit tout de suite Saint-Omer, puis alla rejoindre le roi. Ce contraste fut si sensible au monarque que jamais depuis il ne donna d’armée à commander à Monsieur. Tout l’extérieur fut parfaitement gardé, mais dès ce moment la résolution fut prise, et toujours depuis bien tenue.

L’année d’après le roi fit en personne le siège de Gand, dont le projet et l’exécution fut le chef-d’œuvre de Louvois. La paix de Nimègue mit fin cette année à la guerre avec la Hollande, l’Espagne, etc. ; et au commencement de l’année suivante, avec l’empereur et l’empire. L’Amérique, l’Afrique, l’Archipel, la Sicile ressentirent vivement la puissance de la France ; et en 1684 Luxembourg fut le prix des retardements des Espagnols à satisfaire à toutes les conditions de la paix. Gênes bombardée se vit forcée à venir demander la paix par son doge en personne accompagné de quatre sénateurs, au commencement de l’année suivante. Depuis, jusqu’en 1688, le temps se passa dans le cabinet moins en fêtes qu’en dévotion et en contrainte. Ici finit l’apogée de ce règne, et ce comble de gloire et de prospérité. Les grands capitaines,

    qui parut pour donner lieu aux troupes de se poster à mesure qu’elles arrivaient. Le roi en jugea très sainement, et bien qu’il n’eût encore que huit ou dix escadrons avec lui, il proposa d’aller charger cette armée, comme elle arrivait encore en désordre, persuade qu’on la déferait aisément. Mais M. le maréchal de Schomberg, M. de La Feuillade et enfin tout ce qu’il y avait d’officiers généraux auprès de lui, prirent la liberté de lui représenter quel inconvénient il y avait de hasarder la personne de Sa Majesté, sans en savoir davantage. Le roi dit à ces messieurs qu’ils avaient plus d’expérience que lui et qu’il leur cédait ! mais à regret. » Louis XIV, dans une lettre au maréchal de Villeroy (Oeuvres de Louis XIV, t. IV, p 83), dit que l’affaire était faite, si les ennemis eussent voulu, attribuant ainsi l’occasion manquée à une retraite précipitée du prince d’Orange.