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Je leur dis que ce que le duc de Noailles proposoit étoit une nouveauté dont on ne trouvoit pas la moindre trace, ni dans rien qui fût écrit de l’avènement de pas un roi à la couronne, ni dans la mémoire d’aucun homme dont pas un n’avoit jamais parlé de rien de semblable à l’avènement de Louis XIV à la couronne ; que cette première salutation se faisoit toujours sans ordre, à mesure que chacun arrivoit, plus tôt ou plus tard, à la différence de l’hommage qui quelquefois s’étoit rendu au premier lit de justice ; mais qu’en cette première salutation on ne voyoit pas que les princes du sang même eussent jamais affecté de l’aller faire ensemble ; que d’entreprendre de le faire ne pouvoit rien acquérir aux ducs ; qu’au mieux, il demeureroit qu’ils auroient salué le roi de la sorte, ce qui ne s’étant jamais fait en cérémonie et ne s’y faisant la même par nuls autres, ne tiendroit lieu de rien aux ducs ; qu’ils paroîtroient seulement les plus diligents, dont ils ne tireroient nul avantage sur les princes étrangers, puisqu’il n’y avoit jamais eu en cette occasion de cérémonie, ni sur les gens de qualité, tant par cette raison que par celle qu’ils n’avoient jamais été en nulle compétence avec eux en rien, ni prétendu quoi que ce soit sur eux ; que n’y ayant point de cérémonie en cette première salutation, à la différence de l’hommage quelquefois rendu au premier lit de justice, il n’y en auroit aussi rien d’écrit, par conséquent rien qui pût faire passer cette salutation en usage, encore moins en avantage, et qui ne pourroit en mériter le nom, par conséquent que rien ne pouvoit appuyer cette proposition ; qu’en même temps qu’on n’y trouvoit que du vide à acquérir, elle pouvoit devenir fort nuisible dans l’effervescence qui éclatoit parmi les gens de qualité et non même de qualité à l’égard des ducs, semée et fomentée par le duc et la duchesse du Maine, qui se sauroient bien servir d’une nouveauté qu’ils feroient passer pour une entreprise ; que la noblesse prendroit aisément à cet hameçon, s’offenseroit de ce que les ducs étant allés ensemble, sans que cela se fût