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place précise sans déranger cette suite et la netteté que je m’y suis proposée, pour en conserver l’ordre sans l’altérer. Il faut maintenant retourner un peu sur ses pas, et aller tout de suite un peu au delà du jour où nous en sommes, pour reprendre après cette espèce de journal où nous le laissons présentement pour ne le plus interrompre jusqu’à la mort du roi.




CHAPITRE XIV.


Misère des ducs. — Duc et duchesse du Maine excitent avec plein succès les gens de qualité et soi-disant tels contre les ducs. — Abomination du duc de Noailles. — Il me propose de le faire faire premier ministre. — Proposition du duc de Noailles d’une nouveauté qu’il soutient contre toutes mes raisons. — Le duc de Noailles m’impute la proposition que j’avois si puissamment combattue, et soulève tout contre moi. — Étrange embarras de Noailles avec la duchesse de Saint-Simon. — J’apprends la scélératesse de Noailles. — Monstrueuse ingratitude de Noailles. — Son affreux et profond projet. — Courte réflexion. — J’éclate sans mesure contre Noailles, qui plie les épaules et suit sa pointe parmi la noblesse et [qui] cabale des ducs contre moi. — Je me raccommode avec le duc de Luxembourg ; son caractère. — Suites de l’éclat. — Bassesse et désespoir de Noailles. — Sa conduite à mon égard et la mienne au sien. — Noailles n’oublie rien, mais inutilement, pour me fléchir. — Noailles, depuis la mort de M. le duc d’Orléans, aussi infatigable, et inutilement, à m’adoucir. — Le désir extrême de raccommodement des Noailles fait enfin le mariage de mon fils aîné. — Raccommodement entre Noailles et moi, et ses légères suites.


La noire politique du duc et de la duchesse du Maine ne s’étoit pas bornée à se rassurer contre les ducs par les suites de la cruelle affaire du bonnet qu’ils avoient exprès suscitée, conduite et terminée de la manière qui a été expliquée. Elle